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Les os sur la peau
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7 octobre 2013

L'oppression invisible

Soudaine réalisation que des personnes me détestent, veulent me tuer juste parce que je ne leur ressemble pas. Découverte de l'affaire Lépine. Une tous les deux jours.

On m'explique que le féminisme est un truc de bourgeoise qui n'a rien d'autre à faire. Et au fond, je le pense aussi. Jusqu'au jour où.

La vérité c'est que des hommes pensent que je sors de leur côte. Que je suis une mère pour porter leurs enfants. Les enfants des hommes, qui sont les seuls véritables êtres humains. Ils pensent m'aimer simplement parce que j'ai une utilité pour eux. J'aime des gens qui me sont inutiles, pas vous ?

La vérité c'est que pour eux je suis un meuble, un objet. Je sers à procréer. A se vider. A se défouler à moindre frais. A faire tout ce qui n'est pas noble. Je suis un être mignon qui ne ressent pas les choses comme eux, peut-être même qui ne les ressent pas du tout.

La vérité c'est que je ne suis pas mignonne, parce que je refuse d'être ce meuble. Je suis détestable, je mérite qu'on me viole, qu'on me frappe, qu'on me tue.

Ne pas y penser est un réflexe de survie. Quand on y pense, on est obligée de refuser d'être utile. Et quand on n'est plus utile...

Le patriarcat nous a convaincu que nous étions le deuxième sexe. Que tout ça était naturel. Et quand certaines ont dit que nous n'étions pas que la compagne de l'homme, il a répondu qu'en vérité nous avions le pouvoir. Mais qui a défini ce qu'est le pouvoir ?

 

Chaque jour je vois la violence qui existe envers moi simplement parce que j'exprime des idées féministes. En réalité cette violence existe potentiellement pour chaque femme. Pas besoin d'être féministe pour être victime de viol ou de violence conjugale. Mais si on frappait toujours les femmes qui se comportent comme il faut, il n'y aurait plus aucun intérêt pour nous à être soumises. Moi, on m'explique que si je veux être libre, je renonce à ma sécurité. A la protection de l'Homme, qui tel Dieu puissant et miséricordieux, rétribue celles qui lui sont fidèles et punit celles qui s'égarent de son chemin.

 

C'est ça la réalité. Pas juste que je gagne moins d'argent, ou que je passe plus de temps à faire le ménage. Ca ce sont les problèmes qu'on met en lumière pour ne pas parler du reste. La réalité c'est qu'un homme qui se croit féministe me laisse débarrasser la table et considère sa parole comme meilleure que la mienne. Alors imaginez les autres.

Vous, hommes, dans votre bulle de confort, n'imaginez même pas ce que nous devons endurer en tant que femmes. Vous pensez pouvoir dire ce qui est sexiste et ce qui ne l'est pas.

 

Désolée si je fais des généralités. Si vous vous sentez heurtés, parce que vous croyiez avoir compris. Mais quelle prétention ! Est-ce que je pourrais dire que j'ai compris ce que vivent les personnes racisées ? Vraiment, j'espère ne jamais le comprendre. Etre blanche, j'ai au moins ce confort-là.

Je ne hais pas les hommes vous savez, il y a beaucoup d'hommes que j'aime. Il y a beaucoup d'hommes qui sont énormément moins sexistes que la moyenne. Mais sachez, chers hommes que j'aime, que je ne vous considérerai jamais comme mes sauveurs. Sachez que je ne vous suis pas reconnaissante d'être pro-féministes, parce que c'est juste la base.

La haine que je nourris, c'est envers ce système qui nous corrompt, qui nous essentialise alors que nous sommes si complexes et uniques. Je ne sais pas plus que vous comment nous en sommes arrivées là, mais quel que soit le processus je sais qu'il ne justifie rien.

 

Une dernière chose que je tiens à dire, c'est que je considère toutes les femmes comme mes sœurs. Cela me paraissait ridicule d'entendre des membres d'une même communauté oppressée s'appeler « mon frère » ou « ma sœur » mais je le comprends maintenant tout à fait. Non je ne vous aime pas comme ma sœur qui est la meilleure du monde, mais je refuse d'être en rivalité avec vous, je refuse de dire que vous êtes mal sapées, ou trop grosses, ou trop maquillées, de dire que vous êtes responsables de votre oppression. Si je vous trouve très connes je ne serai pas amie avec vous, mais je ne me servirai jamais des outils du patriarcat pour vous nuire.

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Commentaires
P
<3
A
Ce petit message sans rapport avec ton article : je me suis permis de te taguer pour savoir quels sont les 10 livres qui t'ont marquée. Va voir sur mon blog pour en savoir plus. A très bientôt.
N
Merci pour ce texte qui résonne et dont j'aimerais que l'écho se propage plus loin dans les esprits :)
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