Il n'y a pas un couple, mais des couples.
D'habitude, je suis plutôt d'accord avec l'Elfe. Mais je dois dire qu'à la lecture de son pamphlet « contre le couple », je me suis récriée. Peut-être par a priori, parce que je suis moi-même en couple et que donc par définition je ne peux pas accepter qu'on critique l'institution dans laquelle je vis ? C'est sûrement en partie pour ça, et je me dis au début que je suis une vilaine, à pas vouloir me déconstruire bien comme il faut, parce que ça m'arrange pas, et que là je préfère ne pas me poser la question mais que quand je serai à nouveau « seule » je serai bien d'accord qu'être en couple c'est tout pourri. Mais non, à y regarder de plus près, je trouve l'argumentation quand même un peu faible. Et en y réfléchissant je comprends que ce qui me gêne c'est la volonté apparente de plaquer un modèle sur le couple, comme si justement il y avait un couple. Mais LE couple c'est comme LA femme ou LE jeune... ça n'existe pas !
Pour reprendre quelques clichés présents dans cet article : on a tous été éduqués pour estimer qu'être en couple est nécessaire au bonheur, et donc toute notre vie on cherche absolument « à se caser ». Qui, mais qui pense comme ça aujourd'hui à part Bridget Jones et autres héroïnes de Harlequin ? Quelles personnes de plus de 15 ans cherchent « un copain » ou « une copine » juste pour « avoir quelqu'un » ? Bon c'est certain que ces personnes existent, mais heureusement pour mon moral cela fait longtemps que je ne suis plus amenée à les fréquenter.
Autre cliché : le couple, ça tue notre liberté, on est possessif, on est jaloux. Alors oui, je l'avoue, il m'arrive de dire à mon copain où j'étais et avec qui en rentrant à la maison... cela étant je faisais pareil avec mes parents quand j'habitais chez eux.
Et puis je me rends compte qu'en fait, ce qui est gênant, c'est que cette personne qui se dit « contre le couple » ne commence pas par faire une chose élémentaire : définir ce qu'est le couple. Donc finalement, quand l'Elfe dit qu'elle aime une personne qui l'aime mais qu'ils ne sont pas en couple, je suis bien obligée de la croire, alors que si je les connaissais personnellement je penserais peut-être que leur relation correspond tout à fait à ma définition du couple.
A la question « pourquoi suis-je en couple ? » je me contenterai de répondre : parce que je suis heureuse comme ça.
A celle de « pourquoi êtes-vous pour le couple ? » : je ne suis pas pour le couple. Je m'en fous. Ca serait aussi restrictif que d'être contre le couple. Il y a autant de modèles que de personnes, les relations humaines ne peuvent bien sûr pas se résumer aussi facilement que par le binarisme « en couple/célibataire », mais parfois on utilise des mots pas tout à fait précis pour qualifier des choses un peu vagues, parce que c'est plus simple comme ça et qu'il faut bien communiquer.
Dire que le couple est aliénant, destructeur... c'est ignorer la diversité des couples. Deux personnes c'est déjà un couple. Alors pourquoi ne pas avoir l'audace d'essayer de remettre en question ces schémas pré-établis (en couple, il faut s'appartenir, être fidèle, faire des enfants, se marier, vivre ensemble, tout faire ensemble, ne rien se cacher...) plutôt que de renoncer d'emblée à ce terme qui, finalement, ne dit que ce qu'on veut lui faire dire ?