Culture libre ?
Depuis la fermeture de Megaupload, on ne parle que de ça. Le débat est rude déjà depuis plusieurs années à propos du droit d'auteur, de l'accès à la culture, des grandes compagnies de production... Et je dois dire qu'au milieu de ce bordel ambiant, j'ai du mal à me positionner.
Ce que je reproche surtout au téléchargement libre, c'est la débauche d'images et de sons qui est en passe de rendre notre génération et celles qui suivent complètement blasées. Mais là encore il est facile de se retourner contre les industries du disque et du cinéma ; car même moi qui ai encore la fascination du grand écran et de la salle obscure, je dois dire qu'à 7€ la place à tarif réduit, j'essaye de n'aller au cinéma que quand je suis à peu près sûre d'avoir déniché le film de l'année. Pour les autres, qui ont juste l'air sympathiques, je me contenterai bien de les regarder sur mon ordinateur. Pareil pour la musique, on tourne autour de 10-20€ pour un album, et j'ai beau être mélomane, je ne suis encore qu'une pauvre étudiante. Alors oui, il faut encourager les artistes, et ne surtout pas oublier les techniciens et autres intermittents, mais franchement, on ne me fera pas croire que les compagnies qui produisent les films et les musiques les plus téléchargés (qui sont aussi les plus vendus) ne font pas assez de profit pour avoir la possibilité de le redistribuer plus équitablement. Dans ce débat on nous ramène toujours l'argument des « petits artistes », pourtant ce sont bien les grands lobbies, producteurs de « grands » artistes, qui font pression sur les gouvernements pour faire fermer les sites de partage et sanctionner les fraudeurs, et les artistes qui ont du mal à joindre les deux bouts il y en a toujours eu, d'ailleurs je dirais même que des sites comme youtube ou myspace, où les contributeurs ne sont pas payés (pas par les usagers en tout cas), les aident plutôt à se faire connaître.
Ceci étant dit, je ne soutiens toujours pas le principe du téléchargement libre, pour la simple et bonne raison qu'il est la grande majorité du temps réalisé sans l'accord des créateurs. Quand Trent Reznor ou Radiohead mettent leurs albums en ligne à la disposition de tout le monde, ok. Mais aller se servir comme ça, on ne me fera pas croire que ça relève d'une philosophie de Robin des Bois. Ce qui me surprend le plus dans ce débat, c'est qu'entre les défenseurs du droit d'auteur et ceux de la culture libre, quasiment personne n'a pensé bon de suggérer qu'il existait un juste milieu. Qu'on pouvait rémunérer les artistes sans arnaquer les consommateurs (et je dois le dire, cela me fait bien de la peine d'employer ici le terme de consommateur). Bien sûr, me direz-vous, je ne suis pas une spécialiste de la production, et je ne connais pas le coût de chaque étape et le salaire moyen de chaque personne impliquée, ceci dit et comme je l'ai dit précédemment, si les grandes boîtes arrivent à perdurer et à faire encore autant de promo, c'est bien que l'industrie rapporte encore. Le paysage cinématographique et musical est dominé depuis des années par des blockbusters et des pop-stars américains sans intérêt, et ce sont les mêmes qui sont les plus téléchargés et continuent à se faire des couilles en or. Le problème est donc ailleurs. Mais je n'ai pas la prétention de trouver la solution aujourd'hui et toute seule comme une grande.
Imaginons un peu que l'on supprime la possibilité de télécharger la musique et les films que l'on veut gratuitement. Eh bien c'est simple. La majorité des gens, qui n'est pas passionnée de musique ou de cinéma, se contentera de la radio, de la télé, des vidéo-clubs, des médiathèques, et d'aller au cinéma de temps en temps. Les autres, les vrais passionnés, sont déjà prêts à mettre de l'argent dans leur passion, et le téléchargement n'est pas un obstacle à cela. Tant que la création sera régie par la loi du profit, les vrais artistes de qualité resteront écrasés par les mieux produits, et la majorité des gens ne verra pas l'intérêt de mettre son argent dans la culture, puisque ce sont les entreprises elles-mêmes qui font primer la quantité sur la qualité.